Après un Baccalauréat Littéraire OI, Léa poursuit ses études en Philosophie et en Marketing à l’université McGill à Montréal, au Canada. Lors d’un voyage en Argentine en 2014, elle rencontre la première équipe de l’InterFaith Tour, un projet qui envoie 4 jeunes faire un tour du monde à la recherche d’initiatives interreligieuses qui favorisent la cohésion sociale dans différents pays. Séduite par leur vision, elle suit leur voyage de près avant d’y participer elle-même l’année suivante. Elle est actuellement à HEC Paris en Mastère Spécialisé en Innovation Sociale et Développement Durable.
10 mois, 5 continents, 32 pays et 80 villes parcourus dans ce voyage à la rencontre des leaders et des organisations qui créent du lien entre personnes de différentes religions, convictions ou philosophies. De quelle rencontre gardez-vous le souvenir le plus vif parmi les initiatives que vous avez vues ?
Le choix est difficile, nous avons étudié près de 400 initiatives! La première qui me vient en tête se situe dans le Nord de l’Inde, à Amristar. On y trouve le Temple d’Or, lieu le plus sacré pour les Sikhs. Dans ce temple s’active la plus grande cuisine gratuite du monde : des bénévoles y servent quelques 200 000 repas complets, chauds et végétariens chaque jour. Toute personne qui s’y présente y est la bienvenue. J’ai un souvenir très vif du moment où nous sommes entrés dans ce hangar immense avec l’équipe : à droite, à gauche, des dizaines d’hommes et de femmes coupaient des oignons ou faisaient la vaisselle. Droit devant nous, un immense hangar où nous nous sommes assis par terre avec des centaines d’autres pour manger. Des bénévoles nous servaient autant de fois que nous le voulions. Une seule règle : finir son assiette ! L’organisation millimétrée et l’envergure de cette initiative nous ont particulièrement marqué.
Une autre initiative au Rwanda nous a beaucoup impressionné. Suite au génocide de 1994 qui a décimé la population tutsie, l’archevêque et l’imam du pays se sont réunis pour travailler à la reconstruction du tissu social rwandais. Puisque la conversation était devenue impossible entre certaines familles, victimes et bourreaux du génocide, ils ont organisé entre eux des trocs d’objets ou d’animaux : des couverts contre des draps, des poulets contre des vaches... Ainsi, sans avoir recours aux mots, ils ont restauré le dialogue non verbal dans plusieurs villages. Je pense aussi à la tente du Ramadan, une initiative près de chez nous à Londres, où s’organisent des repas ouverts à tous au moment de rompre le jeûne musulman. S’y rencontrent curieux, musulmans pratiquants et sans-abris pour un moment rare de convivialité.
Que nos sociétés soient en guerre ou pas, le dialogue entre les religions sert comme un levier de paix.
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
La vie en équipe a été particulièrement éprouvante : nous vivions, travaillions, dormions et voyagions tous les quatre ensemble 24/7. Nous avons tout organisé de manière autonome : des partenariats, au budget, à la programmation des rendez-vous. C’était donc une charge de travail conséquente, qui s’ajoutait à la charge émotionnelle de nos rencontres. J’ai réalisé à quel point la diversité pouvait être un challenge, à l’échelle personnelle et à celle d’une société. J’ai eu la chance, dans mon cadre familial comme à l’EABJM, d’être très tôt exposée à une variété de cultures et de convictions. Mais ce n’est pas une évidence partout.
Qu’envisagez-vous faire par la suite ?
Je suis actuellement en train de terminer un Mastère Spécialisé en Innovation Sociale et Développement durable à HEC Paris. Je rédige un mémoire sur l’entrepreneuriat social et la manière de promouvoir l’économie inclusive au sein de 6 entreprises du CAC40. Plus tard, je me projette dans une grosse ONG comme Greenpeace, en finance responsable ou encore dans la diplomatie française. Je n’ai pas encore réduit le champ des possibles !