Issue de la promotion de 2007, après avoir obtenu une licence en histoire de Kings College et un Masters en Economic Policy de la London School of Economics et Sciences Po, Flore passe trois ans à Kabul en tant que consultant pour la Banque Mondiale et les Nations-Unies. Forte de cette expérience internationale, elle fonde ensuite en 2016 Ishkar, une e-boutique avec un magasin à Londres qui propose une gamme de produits issus de l’artisanat de pays en guerre.
Pourquoi avez-vous choisi l’artisanat comme secteur d’impact ?
Nous vivons dans une ère de communication en continu, où les histoires s’oublient aussi vite qu’elles apparaissent. Un objet, par sa nature, ne disparaît pas : chaque fois que vous le voyez, il va vous rappeler quelque chose. Surtout s’il s’agit de quelque chose de très beau, comme les résultats d’ébénistes ou de souffleurs de verre des régions du monde où nous choisissions nos produits. C’est une autre façon d’aborder ces cultures que de les découvrir à travers leur riche patrimoine artisanal, un patrimoine que nous cherchons à mettre en valeur avec notre magasin.
Quel objet renferme le plus de souvenirs pour vous ?
Etant donné que j’ai un lien très personnel avec chacun de nos artisans, ça serait très difficile de parler d’un seul produit ! C’est vrai que j’ai un attachement tout particulier aux boutons de manchettes en lapis lazuli, notre premier produit. En début 2015 nous en avons vendu 150 dans une campagne Facebook. Je crois que c’est vraiment à ce moment-là que nous nous sommes rendus compte mon compagnon et moi que ça pourrait marcher. J’en ai donné à mes frères aussi, qui ont tous fait Bilingue avec moi. Mais je pense aussi à nos verres d’Hérat, une région qui était une étape obligatoire sur la « Hippie Trail » dans les années 60 et qui avait plus de 25 ateliers de verre à cette époque-là. Maintenant il n’en reste qu’un seul, vous vous rendez compte ! Plus de 2000 ans d’histoire, avec des créations qui ont inspiré le verre de Venise, et tout cela est en train de disparaître à cause de la chute du tourisme et au dumping chinois.
Mais il faut savoir que, pour nous, l’idée, ce n’est pas juste de sauver ces industries, mais aussi de mettre les gens en relation les uns avec les autres. Nous croyons que ces objets vous permettent de connaître les gens, de découvrir qu’ils ont la même façon d’esprit que vous, que vous pouvez vous identifier avec eux.
Vous œuvrez donc à la compréhension internationale...
{Rires} Si vous voulez ! En tout cas je garde des très bons souvenirs de mes années de lycée. L’école m’a ouvert la porte aux études à l’étranger, et m’a poussé à faire des choses un peu différentes, à avoir plus de confiance en moi. Je me souviens aussi d’une très grande ouverture d’esprit. Comme l’école ne proposait pas de cours d’arabe, on m’a permis de les suivre en externe tout en aménageant mon emploi du temps. Il n’y avait pas vraiment de distinction entre les promotions, tout le monde se fréquentait. Ça a été une belle expérience, je mettrais mes enfants dans cette école sans hésitation.