Alice Madar, Promotion 2017

IMG-7611.jpg

Issue de la promotion de 2017, Alice est actuellement étudiante en première année à l’Université de Princeton. En 2016, elle a passé ses vacances scolaires dans le Kurdistan irakien, où elle a été bénévole pour l’ONG Shennong & Avicenne.

Comment est né votre engagement au sein de cette association ?

Tout a commencé dans l’automne de 1ère, quand je commençais à suivre l’actualité sur les refugiés dans la jungle de Calais. Je me suis dit que, les images que je regardais sur la télé, des gens qui vivaient dans les tentes sans chauffage ni eau courante, c’était dingue quand même que ça soit en France ! Un groupe d’élèves de l’école avaient un projet d’y aller dans le cadre de l’initiative Sciences Po Refugee Help, je les ai donc rejoint pour quelques jours. C’était en distribuant de la nourriture et des vêtements parmi les refugiés que j’ai rencontré une femme qui était bénévole pour Shennong et Avicenne et qui offrait des soins d’acupuncture. Nous avons pas mal échangé au cours de ce séjour et nous avons commencé à travailler ensemble dès mon retour à Paris. Dans un premier temps je me suis occupé d’animer ses réseaux sociaux, mais assez vite elle m’a proposé de faire des portraits de ses patients, qui se trouvent dans le Kurdistan irakien. Je me suis donc incrustée au sein d’une équipe de médecins qui traversait le pays en bus et qui dispensait des soins dans les camps de réfugiés. Il y avait un médecin généraliste, un psychologue, un gynécologue, et une acuponctriste à bord. Ces camps était vraiment un microcosme de tous les groupes du Kurdistan – on y trouvait des chrétiens, des musulmans, et des yezidi.

Est-ce que c’était comme à Calais, mais dans le désert ?

Franchement, non ! Les camps de l’ONU étaient beaucoup mieux pourvus que ceux de Calais. L’ambiance était différente aussi- les Kurdes sont absolument déterminés à lutter jusqu’au bout. J’ai vu beaucoup de soldats Kurdes, et je suis même allée dans un de leurs QG. Je ne sais pas à quoi je m’attendais –une mini-version du Pentagone, peut-être – mais non, c’était vraiment une tente dans le désert, avec des plans de campagne tâchés de café. Ils avaient un plan de reprendre tel ou tel territoire et de créer leur propre pays. En revanche, chez les femmes, c’était une autre histoire. Pas mal d’entre elles ont subi des violences sexuelles et ont été reniées par leurs frères et leurs pères au nom de l’honneur. Certaines avaient même mon âge, à peine 15 ou 16 ans.

Evidemment, il y a beaucoup d’amertume là-bas aussi, liée au fait que les pays occidentaux n’ont pas vraiment voulu s’impliquer dans le conflit et que la Russie a dû prendre le relais.

Après une telle expérience, que comptez-vous faire par la suite ?

Je pense m’engager dans la diplomatie et les relations internationales. C’était vraiment à l’école où j’ai commencé à m’intéresser à ces questions, dans le cours d’histoire de Francesca Trabacca, où nous parlions de l’histoire des États-Unis, des relations entre le Japon et la Chine, et la Guerre Froide. Ça a été une belle expérience que d’étudier dans cette école et je suis trop contente de me réunir quand je peux avec mes amis de promotion, qui sont tous dispersés sur la Côte Est des Etats-Unis, dans le Canada, et l’Angleterre.